Itinéraire "Il ne s’agit pas de s’exprimer mais d’admirer, c’est-à-dire de restituer ce qui nous est donné à voir » C.F.
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La Lierraie © est placée sous le signe d’une plante résistante et tenace. Le feuillage du lierre se métamorphose au gré de ses pérégrinations terrestres : tour à tour rampant, grimpant, puis, arborescent. Cette tapisserie végétale, luxuriante et essaimante, palpite sous le vent, miroite et embaume sous le soleil, s’égrène et colonise toute friche, suscitant cette méditation spontanée sur la beauté de notre environnement et de notre patrimoine.
Ecologie et esthétique
Dessin, lecture, écriture, projets , arpentage et défrichage…, autant d' occasions d’évoluer dans la connaissance et la pratique du paysagisme, un domaine infiniment riche et évolutif, mais encore méconnu. Il est toujours surprenant de constater le grand écart entre le tourisme naturaliste et les pratiques domestiques et professionnelles. C'est pour cela que j’en ai fait mon métier, pour dire, à ma manière, que l’écologie se doit d’être esthétique , sous peine d’être amputée de sa raison d’être, en accordant au regard sensible, le statut d’un accès privilégié au monde des formes, qui sont toujours significatives de l’empreinte ou du retrait de l’homme
Je suis née en Beauce, une région de France dont on souligne ordinairement la platitude du relief, mais c’est la région de mon enfance, de mes premiers contacts avec le paysage dont je ne soupçonnais pas, alors, les ressources. Et pourtant, cet horizon infini et ces vastes étendues restent un espace de référence, même si j’ai, plus tard, connu d’autres régions, plus chaudes et plus froides, plus vallonnées voire escarpées, plus peuplées et autrement bâties, plus dynamiques ou moins prospères… Qu’importe. Il y’a une intimité géopsychologique avec les lieux de ses premiers âges, irremplaçable, une filiation inamissible, un arrière-plan sur lequel se superposent les autres perspectives. Après des études à Paris, Lyon, Grenoble (Arts plastiques, Esthétique et Sciences de l’Art , Gestion) et des expériences diverses dans la communication culturelle, le paysagisme s’est imposé comme une manière de mettre en pratique l’esthétique, appliqué à l’espace extérieur, mais aussi de maintenir le dessin manuel par le biais des planches de préfiguration. Cela débute par la création, sous l’enseigne Arbres et Pots, en Savoie, avec mon conjoint, d’une petite pépinière ornementale (arbres en pots, sujets de pleine terre taillés et formés, qui n’existe plus aujourd’hui ) et s’est poursuivi par des projets et réalisations paysagères : près de 170 projets (environ 40 m2 de surface dessinée) diversifiés et d’envergure variable (mixed-border, terrasse, abords de piscine , de la plate-bande au jardin jusqu’au au parc de plusieurs hectares) , ponctués de quelques dispositifs : marquise, treillage, noue surélevée, gloriette, escalier et garde-corps, clôture décorative, bucher, potager … Le retour dans la région natale de la famille de mon conjoint, m’incite à prolonger cette expérience de trente ans en installant ma planche à dessin dans un local de Loches, en Touraine du sud, (actuellement 8, rue des Moulins), au titre de « Décoratrice-Paysagiste ». Le dessin au crayon est mon medium favori, car il repose sur une économie de moyens« On se souviendra qu’un « paysagiste » a d’abord été un peintre de paysage. Il devenait « décorateur » lorsqu’il meublait ses compositions de personnages, d’accessoires ou d’éléments d’architecture. Si le paysagiste est sorti du tableau , il n’a de cesse d’y retourner, de plain-pied… » (C.F.)
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Les Captures de nature © sont les pauses d'une promenade contemplative, qui se confronte , à la lumière, aux volumes, à l’air ambiant, à toutes sortes d'indices de vie et de culture. C'est une marche illustrée de notes visuelles. La promenade laisse ainsi une trace, un souvenir. C’est une intervention minime sur la nature, mais un prélèvement quand même. Il aurait été souhaitable de dessiner, ressaisir et condenser ces scènes,. L’expérience est donc brève, non comparable à la patiente et difficultueuse esquisse.. Ce sont des vues fragmentaires, une ambiance, un moment particulier où le regard s’est posé. Un parcours du territoire dans une certaine région de France. Il fallait aussi décrire brièvement ces images, justifier le parti-pris de témoigner, encore et toujours, incessamment et de mille manières (surtout, celle dont chacun dispose), de la beauté du monde ou du moins tel qu’il se présente, en se retenant de le juger...La nature nous échappe, le monde nous échappe, nos capacités sont limitées. Ce que l’on peut saisir est à notre échelle, et permet de ressentir parfois une certaine familiarité avec ce qui entoure. Passé le stade de la capture, il n’est besoin que d’être là au moment où la scène se présente. A contrario, c’est pour cela que le hululement de la chouette au milieu de la nuit est bouleversant : instinctif, strident, insaisissable, dominant, démesuré, mais aussi distant, plaintif, insistant et répétitif, empathique, comme un appel implacable à la liberté.